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1 an de SNT : un premier bilan

Published dim. 07 juin 2020 in SNT

by N. Ferreira SNT Python HTML Bilan

La fin de l’année scolaire approche doucement et malgré la rééouverture des lycées, il est clair que l’on n’avancera plus vraiment dans nos progressions, en tout cas c’est qui va se passer avec les aménagements prévus dans mon établissement.

C’est donc l’heure de faire un petit bilan de la découverte de cette nouvelle matière du tronc commun de 2de : les SNT (pour Sciences Numériques et Technologie).

Pour cette première année, je suis intervenu sur 3 classes. Pour autant, cela ne m’a pas réellement permis d’effectuer des ajustements dans les activités que j’ai testées, les créneaux horaires étant essentiellement concentrés sur deux jours consécutifs.

Face au PC

Premier constat : une majorité d’élèves ne sont pas à l’aise face à un ordinateur. Des tâches qui me paraissaient acquises, ou tout du moins un minimum naturelles, ne l’étaient pas. Télécharger un fichier et le retrouver sur le disque dur, sauvegarder un fichier à un endroit donné d’une arborescence, utiliser l’explorateur de fichiers, retrouver une icône sur le bureau (sans passer par l’explorateur de fichiers…), savoir choisir le bon navigateur web pour ne pas avoir de problème de compatibilité avec les outils de l’ENT (ah, qu’ils l’aiment ce bon vieil Internet Explorer…), décompresser une archive. Autant de problématiques auxquelles je me suis vite retrouvé confronté, et jusque tard dans l’année scolaire d’ailleurs (avant le confinement, j’avais encore des élèves qui ne comprenaient pas pourquoi JupyterLab ne fonctionnait pas dans l’ENT en se connectant à ce dernier dans Internet Explorer…). J’ai pu constater une très forte disparité des comportements face un environnement informatique. Je m’y attendais malgré tout, mais pas à ce point-là !

L’an prochain, il faudra que je commence les premiers TP par la mise en place de toutes ces bases de manipulation d’un PC. Puis en venir à une présentation plus précise des fonctionnalités de l’ENT dont on aura besoin au cours de l’année.

Le programme

Le programme est dense. Très dense. Peut-être trop. Au moment où les lycées ont fermé, j’avais traité seulement deux thèmes sur sept en intégralité et j’étais en train de finaliser un troisième thème. On avait pu terminer la photographie numérique et Internet, on arrivait à l’algorithme du PageRank dans le thème sur du web. Ce qui laissait encore à travailler sur :

  • les données structurées et leur traitement
  • les réseaux sociaux (sur lesquels mes élèves ont travaillé durant le confinement, c’était le plus simple à aborder)
  • Localisation, cartographie et mobilité
  • l’informatique embarquée et les objets connectés

On peut voir que le contenu est relativement ambitieux et très diversifiés. Et je suis tombé dans le même écueil que lors de ma dernière année en collège, où avec mes collègues de maths on avait décidé d’une progression excessivement spiralée en 6e : au final j’avais traité entre les 2/3 et les 3/4 du programme car j’avais trop détaillé chaque partie étudiée. Là c’est la même chose. Pour les thèmes Internet et le Web, j’avais choisi de travailler en les découpant en deux, mais passant autant de temps sur chacune de ces parties qu’il aurait fallu que j’en pense sur l’intégralité du thème ! Avec pas mal de temps perdu à chaque TP sur PC à cause de ce que j’évoquais précédemment.

Pour l’an prochain, il faut que je reste sur cette idée de découper les thèmes en deux parties à traiter à différents moment de l’année, mais en étant plus vigilant sur le temps passé sur chacune. Je pense qu’il y a eu aussi un effet « matière uniquement enseignée en 2de » qui a dû jouer malgré tout. La spécialité NSI (pour « Numérique et Science Informatique ») n’étant pas enseignée dans mon lycée, les élèves qui la suivraient en 1re sont très peu nombreux (cette année aucun élève de 2de ne semble avoir choisi cette spécialité…). Je reviendrai sur cet effet dans la partie suivante, sur la programmation en Python, car il y a aussi là un écueil dans lequel il faudra que j’évite de tomber l’an prochain.

La programmation en langage Python

Le programme de SNT est une belle opportunité pour accroître la familiarisation des élèves avec la programmation en langage Python et favoriser leur appropriation de ses caractéristiques. Seulement, il est stipulé dans les référentiels que le cours de maths est celui où se déroule l’apprentissage de ce nouveau langage de programmation, et que les enseignants de SNT doivent se caler sur la progression de cet apprentissage pour proposer leurs activités de programmation :

Le programme de seconde de mathématiques approfondit l’apprentissage de la programmation. Une coordination avec le cours de mathématiques est donc nécessaire pour déterminer à quel moment des éléments de programmation peuvent être utilisés en sciences numériques et technologie.

Programme de SNT, page 5

Pour cette première année, en tant que prof de maths, j’ai pensé à la lourdeur des nouveaux programmes de 2de et à la difficulté que j’ai moi-même rencontrée les années précédentes pour bien mettre en place cet apprentissage. Je sais notamment que certaines notions sont abordées parfois tardivement dans l’année scolaire, et que par conséquent il n’y a pas grand chose de réellement abordable avec nos élèves en SNT avant longtemps.

J’avais donc pris le parti de travailler de temps à autre en SNT sur des séances de TP autour de la prise en main de Python et de JupyterLab, notamment en séance pour combler des décalages entre les groupes suite à une formation, ou encore lorsqu’il ne restait plus qu’une ou deux séances avant des vacances et que nous venions de terminer un thème. L’une de mes collègues qui avait en maths une classe que j’avais en SNT m’a confirmé que cela avait eu un impact positif auprès de ses élèves qui ont eu moins de difficultés à s’approprier le langage Python. En effet, plutôt que de livrer trop rapidement des séquences d’instructions prêtes à l’emploi, j’avais pris le parti de laisser les élèves expérimenter par eux-mêmes et apprendre de leurs erreurs (typiquement des oublis d’indentation ou de deux points).

Vous l’aurez compris, cela a été effroyablement chronophage au final, malgré le gain pour les collègues de maths. Et cela m’a permis de mieux appréhender les raisons de la mise en garde qui nous avait été faite sur le fait que le cours de SNT n’est pas le lieu de l’apprentissage de la programmation Python. Je serai plus prudent l’an prochain (et m’excuse auprès de mes collègues de maths s’ils me lisent) et chercherai moins à introduire des TP Python en début d’année.

Et les élèves dans tout ça ?

J’ai l’impression qu’une majeure partie des élèves a plutôt apprécié cet enseignement un peu différent, sur des sujets qui sont connectés à leur quotidien (en tout cas de façon visible à leurs yeux). Comme je l’ai déjà évoqué, ils ont vite été perdus dans l’utilisation des outils numériques. C’est l’occasion non seulement de justifier l’existence de cette discipline auprès d’eux, mais aussi de leur apprendre ces usages du numériques qu’ils ne maîtrisent pas.

Là encore, le confinement ne permettra pas de mettre en avant leurs difficultés et leurs attentes, de connaître leur ressenti sur ce nouvel enseignement, et d’avoir tout simplement un retour sur cette première année.

Je tenterai quand même de solliciter les quelques élèves que je verrai durant les trois prochaines semaines, mais je crains que leurs avis ne soient un peu biaisés.

Perspectives 2020-2021

Ce qui sera à la base de ma réflexion pour l’an 2 des SNT, c’est que cette année, j’ai trop voulu intégrer la programmation en Python dès le premier trimestre. Il faudrait que je repousse son utilisation au second trimestre pour consacrer toute la première période à balayer l’ensemble des sept thèmes avec une première approche à base d’activités de découverte et d’appropriation des notions via des vidéos, lectures d’articles, recherches et présentations par les élèves. Sans oublier bien entendu tout le travail autour de la prise en main du PC et de l’ENT. Et passer à des activités branchées seulement en deuxième partie d’année pour brasser de nouveau les notions étudiées.

Et aussi faire en sorte que les élèves puissent être autonome si on doit de nouveau basculer en mode enseignement à distance, parce que là ce n’était clairement pas le cas et les activités possibles en distanciel étaient très restreintes.

À garder aussi à l’esprit : cette année j’ai eu un gros souci technique avec le transfert de fichiers HTML via l’ENT. J’avais fait créer à mes élèves des pages web sur diverses thématiques et lors du transfert, je me suis retrouvé avec des fichiers .html dans lesquels ne demeurait que le contenu des balises <body>. Oublié l’appel de la feuille de style par exemple. Donc il faudra passer par des archives zippées pour le transfert de ces fichiers.

La dernière chose que je prévoyais pour cette année et qui s’est retrouvée mise de côté, c’est de prendre appui sur ce programme de SNT pour construire également des séquences à destination des élèves de DNL. Il y a de quoi faire, et ce serait dommage de ne pas en profiter !

En conclusion

Voilà un bilan non exhaustif de cette première année en SNT. Cela me permet de poser quelques réflexions et pistes pour la suite.

L’an prochain, je vais poursuivre cet enseignement, avec d’autres objectifs en vue et en essayant de ne pas tomber dans les mêmes travers que lors de cette année de découverte. Il va falloir que je prenne le temps de repenser ma progression en conséquence et de mieux planifier le rythme des séquences (et aussi imposer davantage le tempo aux élèves dans les activités plutôt que les laisser découvrir certaines notions à leur rythme).

Mathématiques, programmation, activités pour le lycée, avec un peu de pop culture !

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